Trois
cents économistes et universitaires de tous les continents, de James
Galbraith à Stephany Griffith-Jones, de Jacques Sapir à Dominique
Meda, appellent les gouvernements européens et les institutions
internationales à « respecter la décision du peuple grec » et à
« engager des négociations de bonne foi avec le nouveau
gouvernement grec pour résoudre la question de la dette ».
Nous
appelons les gouvernements d’Europe, la commission européenne, la
Banque centrale européenne et le FMI à respecter la décision du
peuple grec de choisir une nouvelle voie et d’engager des
négociations de bonne foi avec le nouveau gouvernement grec pour
résoudre la question de la dette.
Le
gouvernement grec a raison de soutenir qu’une profonde
réorientation est nécessaire car les politiques mises en œuvre
jusque là sont un complet fiasco. Elles n’ont apporté ni la
reprise économique, ni la stabilité financière, ni les emplois, ni
même des investissements directs étrangers. Elles ont abîmé la
société grecque et affaibli ses institutions. L’approche suivie
fut purement et simplement néfaste, elle n’a permis aucun progrès
qu’il conviendrait de préserver. Nous demandons aux partenaires
européens de prendre acte de cette réalité qui est à l’origine
de l’élection du nouveau gouvernement grec.
La
Grèce a besoin de mesures humanitaires immédiates, d’un salaire
minimum plus élevé, de création d’emplois, d’investissements
et de mesures qui permettent de restaurer et d’améliorer les
services de bases tels que la santé et l’éducation. Il lui faut
se doter d’un système fiscal plus robuste et plus progressif, qui
repose moins sur la TVA et soit mieux à même de taxer les revenus
et les patrimoines. Le nouveau gouvernement doit aussi combattre,
punir et éradiquer la corruption. Pour mener ces politiques à bien
et leur donner le temps de démontrer leur efficacité, des marges
budgétaires sont nécessaires. En attendant, le pays a besoin du
refinancement de la Banque centrale européenne pour stabiliser son
système bancaire. Nous demandons aux autorités européennes et aux
gouvernements de laisser à la Grèce ces marges budgétaires et de
garantir ce refinancement.
Le
gouvernement grec a raison d’exiger une annulation de sa dette
vis-à-vis des partenaires européens. Cette dette est insoutenable
et ne sera jamais remboursée quoi qu’il advienne. Il n’y a donc
pas de perte économique pour les autres pays et leurs contribuables.
Au contraire, un nouveau départ pour la Grèce permettra de relancer
l’activité, d’augmenter les revenus et de créer des emplois et
bénéficiera ainsi aux pays voisins. Nous demandons instamment aux
créanciers de la Grèce de saisir cette chance et d’exposer
clairement et honnêtement ces faits aux populations.
Ce
qui est en jeu, ce n’est pas seulement le sort de la Grèce, mais
bien le futur de l’Europe dans son ensemble. Une politique de
menaces, d’ultimatum, d’obstination et de chantages signifierait
aux yeux de tous l’échec moral, politique et économique du projet
européen. Nous demandons instamment aux leaders européens de
rejeter et de condamner toutes les tentatives d’intimidation et de
coercition à l’égard du gouvernement et du peuple de Grèce.
A
l’inverse, le succès de la Grèce peut indiquer un chemin vers la
prospérité et la stabilité en Europe. Il permettrait un renouveau
de la démocratie et ouvrirait le jeu électoral à d’autres
changements constructifs. Nous sommes avec la Grèce et l’Europe,
pour la démocratie et le changement. Les dirigeants européens
doivent reconnaître le choix démocratique décisif effectué par le
peuple grec dans des circonstances extrêmement difficiles, procéder
à une évaluation réaliste de la situation et s’engager sans
tarder sur la voie d’une négociation raisonnable.
Premiers
signataires
Elmar
Altvater (FU, Allemagne)
Philippe
Askenazy (CNRS, France),
Clair
Brown (University of California, Berkley, Etats-Unis)
Dorothee
Bohle (Central European University, Hongrie)
Giovanni
Dosi, (Pisa Institute of Economics, Italie)
Cédric
Durand (Université Paris 13, France)
Gerald
Epstein (UMASS, Etats-Unis)
Trevor
Evans (Berlin School of Economics and Law, Allemagne)
James
Galbraith (University of Texas at Austin, Etats-Unis)
Gaël
Giraud (CNRS, France)
Stephany
Griffith-Jones (Columbia University, Etats-Unis)
Laura
Horn (Roskilde University, Danemark)
Robert
Jessop (University of Lancaster, Royaume-Uni)
Steve
Keen (Kingston University, Royaume-Uni)
Marc
Lavoie (Ottawa University, Canada)
Tony
Lawson (Cambridge, Royaume-Uni)
Dimitris
Milonakis (University of Crete, Grèce)
Andreas
Nölke (Goethe University Frankfurt/Main, Allemagne)
Dominique
Meda (Paris Dauphine, France),
El
Mouhoub Mouhoud (Paris Dauphine, France)
André
Orléan (EHESS, France),
Henk
Overbeek (VU University Amsterdam, Pays-Bas)
Mario
Pianta (University of Urbino, Italie)
Alfonso
Palacio Vera (Computense University of Madrid, Espagne)
Anwar
Shaikh (New School for Social Research, Etats-Unis)
Jacques
Sapir (EHESS, France)
Robert
Wade (LSE, Royaume-Uni)
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